Paroles de sages-femmes : Véronique, sage-femme libérale

Cette rubrique donne la parole à des sages-femmes expérimentées, passionnées par leur métier, animées d’une volonté de partager leur quotidien, leur vision et leurs espoirs pour le futur de la profession. Pourquoi devenir sage-femme ? Quels conseils donner à des apprenties sages-femmes ? 

En cette période de crise sanitaire, Maieutiko a choisi de mettre en lumière des portraits de sages-femmes qui ont continué à œuvrer pour le bien-être de leurs patientes dans un contexte sanitaire inédit.

Aujourd’hui, le micro se tend vers Véronique, sage-femme libérale dans le département de la Seine-Saint-Denis.

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir une sage-femme ?

J’ai toujours été intéressée par les métiers de la santé, je voulais être infirmière depuis l’âge de mes 7 ans mais ma famille n’y était pas favorable. Ma famille et mes professeurs m’orientaient vers médecine mais je ne voulais pas. Le métier m’a été présenté en terminale par la conseillère d’orientation. J’ai trouvé que c’était un super compromis et que c’était le bon côté de la médecine.

Qu’est-ce que vous aimez dans votre profession ? Quels sont les avantages pour une femme à avoir une sage-femme à ses côtés ?

J’aime le côté relationnel, d’accompagnement, de dépistage, d’information, et l’autonomie du métier. J’aime m’occuper de la santé des femmes qui vont bien. D’ailleurs, comme il existe un médecin de famille, la sage-femme peut s’occuper d’une même famille, de mère en fille(s).

Je pense que les sages-femmes sont un gage de qualité. Trop d’autres professionnels attendent nos faux-pas pour en tirer profit ce qui nous impose rigueur et efficacité. Nous avons appris à accompagner, surveiller, patienter, diagnostiquer avant d’adresser, ce qui fait que nous accordons plus de temps et d’écoute que les autres professionnels médicaux qui eux ont été formés à diagnostiquer, agir.

Nos études font de nous un bel intermédiaire entre le tout médical et le psychologique.

Votre pratique a-t-elle changé au fil des années ? Comment a-t-elle évolué après l’apparition du COVID-19 ?

Ma pratique a évolué vers plus de psychologie et d’écoute avec le passage en libéral, vers plus de suivi des femmes tout le long de leur vie grâce à l’évolution de la législation (actes de gynécologie, contraception ….)

Avec le COVID, j’évolue vers la technologie. Nous faisons des téléconsultations, cours et entretiens en visio, ce qui a une part de positif (plus de visibilité, être plus accessible) Une évolution plus négative que je souhaite temporaire : moins de proximité avec les patientes : nous ne serre plus la main, plus d’accès aux expressions du visage, aux sourires…  

Avez-vous remarqué / bénéficié d’un soutien plus présent de la part de vos consoeurs durant cette crise (remplaçantes, collaboratrices…) ?

J’ai bénéficié de plus de soutien de la part du réseau de périnatalité*.

*Les réseaux de périnatalité sont composés de sages-femmes, médecins, kinésithérapeutes, échographistes et diététiciens. Leur objectif est d’optimiser la prise en charge de la femme enceinte et du nouveau-né grâce à la mutualisation des professionnels et établissements de santé.

Selon vous, comment va évoluer le métier de sage-femme suite à cette crise ? Qu’est-ce qui va changer durablement ?

Je ne sais pas. Je souhaite que la télémédecine reste ouverte aux sages-femmes.

Même si les sages-femmes sont restées très présentes et très engagées auprès des femmes et de leurs enfants pendant la crise (plus que les médecins, gynéco-obstétriques et pédiatres, en tout cas dans mon département) je ne sais pas si quelqu’un s’en souviendra … patientes, tutelles, pouvoir public …

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui veulent faire ce métier ?

Pour être sage-femme, il faut savoir être disponible, aimer les relations humaines, savoir prendre des décisions en autonomie et ne pas se laisser impressionner. Il faut faire preuve d’empathie, être solide dans ses baskets. Avoir une réflexion sur son propre système de pensées, ses préjugés pour ne pas projeter ses valeurs ou ses peurs sur les patientes serait parfait … mais on ne nous demande pas ça et je n’ai pas appris ça à l’école, donc ça vient avec le temps.

Lorsque nous serons plus libres de nos mouvements, quelle sera votre activité privilégiée pour vous relaxer ? (voyager, aller à la mer, aller au restaurant, faire du ski, aller au cinéma…)

J’irai manger dans un restaurant, faire la fête avec mes amis et je referai du sport.

Si vous deviez exercer ailleurs, quel serait l’endroit idéal pour vous ? Pour quelle raison ?

Au Canada pour l’accompagnement global, pour accompagner les patientes dans leur choix sans barrière de langue.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?

J’espère pouvoir développer ma patientèle en sexologie. J’aimerais qu’on prenne davantage en considération la santé des femmes, physiquement, mentalement et sexuellement. Tous les avantages d’avoir une sage-femme à ses côtés (qualité, disponibilité, engagement, compétences médicales et psychologiques … pour un coût modique !) ont été niés par les pouvoirs publics pendant la crise sanitaire. Le soutien des femmes isolées, en pleine incertitude et en pleine détresse, a été mis au second plan. La consultation de grossesse avant 35 SA, pas utile. La contraception, pas urgent. L’EPP… inutile ! C’est l’info qui a été passée à la population en tout cas. C’est inadmissible.

Pour en savoir plus sur le rôle des sages-femmes, découvrez notre article sur le métier de sage-femme.

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